dimanche 30 mai 2010

Le Loup des steppes - Hermann Hesse

Publié en 1927, Le Loup des steppes (Der Steppenwolf, titre original) est considéré comme le chef d'oeuvre d'Hermann Hesse (1877-1962), écrivain allemand, inspiré notamment par la religion hindouiste ou encore la psychanalyse.

Le livre de poche, 312 pages
Nous sommes dans les années 1920, "les années folles". Harry Haller, surnommé "le loup des steppes" est un intellectuel vieillissant qui s"installe dans une ville européenne pour se consacrer à de vagues travaux littéraires. Il s'approche de son cinquantième anniversaire et, a décidé de ne pas prolonger sa vie au-delà de cette date fatidique. Isolé, rêvant nostalgiquement à l'enfance qu'il a passée dans l'environnement ordonné et paisible d'une famille bourgeoise, il erre à la recherche d'un sens de l'existence. Il est solitaire, désabusé et ne parvient pas à vivre avec ses contradictions. C'est alors qu'il rencontre une jeune et joyeuse femme, Hermine, qui correspond à la partie féminine de son être. Hermine lui fait redécouvrir les plaisirs de l'existence sous un angle différent et lui fait connaître un énigmatique et fascinant musicien de jazz, Pablo, qui introduira Harry dans un "théâtre magique", un lieu où, sous l'effet de drogues hallucinogènes, il laisse une totale liberté à son imagination...


Mon avis : fortement empreint de philosophie allemande et de psychanalyse, ce livre n'est pas difficile à lire mais j'ai trouvé le texte plutôt austère.

Il s'agit à la fois d'une oeuvre littéraire et d'un véritable traité de philosophie pure. De nombreuses pages sont consacrées à la condition d'homme-loup de Harry et son analyse intérieure.

Le roman est basé sur la dualité de l'homme : d'une part, le loup et son côté asocial, solitaire et ascète ; d'autre part la soif de bien-être, de jouissance et de sensualité. Harry devient en quelque sorte un observateur du monde, ce monde qu'il rejette et qu'il envie en même temps.

Expérience spirituelle, récit initiatique ou traité de psychanalyse hallucinant, ce roman multiple les registres et le lecteur y retrouvera de nombreuses influences littéraires (Goethe), philosophiques (Nietszche, Jung) et musicales (Mozart, Beethoven...).

Je n'ai pas été très convaincu par cette lecture. J'ai décelé de nombreuses longueurs et des répétitions au cours de la première partie de cette histoire. La deuxième partie est plus intéressante.

Si vous appréciez la philosophie et les réflexions sur le genre humain, je vous le conseille. Pour ma part, il n'est pas le chef d'oeuvre universel du XXe siècle...

vendredi 14 mai 2010

Meurtres pour rédemption - Karine Giebel

Meurtres pour rédemption est le deuxième roman de Karine Giebel (née en 1971), jeune auteur français de thrillers. Une écrivaine talentueuse dans un genre littéraire très masculin que je vous invite à découvrir.


Rail noir, 555 pages
Marianne de Gréville a vingt ans, le bel âge. Mais sa vie est fichue. Elle a été condamnée à perpétuité pour un double meurtre, celui d'un vieil homme auquel elle voulait dérober ses économies, puis un policier qui l'a prise en chasse. C'était "par accident", répétera-t-elle. Sa vie désormais, elle la passe dans sa cellule 119. Elle rêve de liberté et s'évade un instant en écoutant le bruit des trains qui passent. Dès le début, la vie ne lui épargne rien dans ce milieu carcéral, hostile. Son univers est une véritable descente aux enfers : humiliations, passages à tabac, violences entre co-détenues qui semblent interminables. Marianne ira jusqu'à vendre son corps au chef des gardiens de prison, Daniel Bachmann, en échange de cigarettes et de quelques doses de dope. Experte en arts martiaux, la jeune femme peut se transformer en une vraie boule de nerf, surtout lorsqu'on la provoque ; elle devient incontrôlable, prête à se défendre et parfois à tuer. Les autres détenues et les surveillants la craignent, la détestent aussi. Certaines lui font infliger les pires avanies, comme la surveillante "La Marquise" qui assouvit ses instincts les plus sadiques. Mais Marianne résiste, c'est une battante, pleine d'énergie. Elle est considérée comme la prisonnière la plus dangereuse et pourtant, cette armure qui se veut impénétrable se fissure de temps à autre et laisse entrevoir un coeur pur, un être meurtri, sensible et fragile, de sorte que la culpabilité la ronge. Un jour, contre toute attente, l'improbable espoir renaît. La jeune femme est appelée au parloir ; trois jeunes policiers veulent la rencontrer et lui proposer un étrange marché...


Mon avis : c'est un véritable coup de force que réalise Karine Giebel, une grande réussite. Il s'agit sans conteste d'un grand coup de coeur.

Ce pavé qui contient plus de 550 pages ne vous laissera pas souffler, le suspense est évidemment au rendez-vous. Dès les premières pages, le lecteur est pris dans les jolies griffes de Marianne et reste captivé jusqu'à la fin, jusqu'au dénouement, une histoire si bouleversante...

Il se dégage de ce roman une force inouïe et une description édifiante de l'horrible univers pénitentiaire qui fait froid dans le dos. Le lecteur plonge en avant dans un malaise constant, souffre beaucoup, pleure et sourit parfois.

Karine Giebel s'est formidablement documentée sur le système carcéral, sans doute y trouvera-t-on quelques clichés. Il n'en reste pas moins qu'elle a su fouiller profondément la psychologie de ses personnages : les détenues et les gardiens de prison (les matons dans le texte).

Certains passages sont d'une cruauté insoutenable, mais aussi d'une sensibilité profonde. Les dialogues sont directs, parfois crus, les phrases sont percutantes, à l'image du monde carcéral où règnent la violence et le sang. Le rythme est rapide, sans le moindre temps mort. Dans la première partie du roman, des flash-back nous font comprendre progressivement comment cette ravissante jeune femme de vingt ans est devenue cette terrible machine à tuer.

Le lecteur n'en sort pas indemne et ne peut rester indifférent. De par sa qualité d'écriture, Karine Giebel a fait en sorte que nous ressentons à chaque instant les joies et les peines, les doutes et les peurs du personnage principal ; nous partageons ses injustices et ses révoltes. Bref, le lecteur manifeste de l'empathie pour Marianne, cette femme entière au charisme extra-ordinaire. Et malgré ses actes, malgré ses accès de colère, nous la trouvons extrêmement attachante.

Les autres personnages qui gravitent de près ou de loin autour de Marianne ont également beaucoup de consistance.

J'ai acheté ce livre il y a près de neuf mois maintenant et j'ai tant attendu à le lire, faute de temps mais peut-être aussi en raison du nombre de pages et de la police d'écriture si petite qui en dissuaderaient plus d'un ! Grave erreur...

N'attendez pas, procurez-vous le et lisez-le !

Meurtres pour rédemption est une oeuvre noire, poignante, éprouvante et magistrale, d'une rare intensité. Un chef d'oeuvre.

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