dimanche 27 octobre 2013

Un employé modèle - Paul Cleave

Paul Cleave est né à Christchurch en Nouvelle-Zélande en 1974. Un employé modèle est son premier roman, lequel a connu un succès international retentissant.

Livre de poche, 476 pages 
Soumis à sa mère envahissante, Joe Middleton est un trentenaire célibataire et solitaire, occupant un poste d'agent d'entretien au sein au commissariat central. Il est considéré par tous comme le gentil benêt de service. Et pourtant, dès son travail terminé, le soir, Joe qui fait preuve d'un amour débordant pour ses petits petits poissons rouges, se transforme en un monstrueux assassin, tuant des femmes sans défense. Son statut d'homme de ménage lui permet donc de suivre de près toutes les investigations sur ses propres meurtres. Mais voilà qu'un jour, une autre victime est découverte. L'assassin utilise une méthode proche de celle de Joe pour que le crime lui soit imputé afin de brouiller les pistes. Joe Middleton est furieux et mène lui-même l'enquête pour retrouver l'identité de ce copieur usurpateur. Son chemin sera semé d'embûches et de rebondissements...

Mon avis : l'idée de départ est originale, décalée et déroutante. Le narrateur n'est pas le traditionnel policier ou détective mais l'assassin, le tueur en série lui-même.

Beaucoup d'humour noir et glaçant ; Le personnage de Joe, peint par l'auteur, est très intriguant : un vil manipulateur arborant cette apparence d'homme de ménage totalement simplet et inoffensif.

Le roman tient en haleine, un style très particulier mais attention quelques passages crus et très difficiles, la violence de certaines scènes peut être vraiment perturbante.

samedi 7 septembre 2013

Total Kheops - Jean Claude Izzo

Premier livre d'une trilogie publié en 1995, Total Kheops est un roman policier écrit par l'auteur marseillais Jean-Claude Izzo, disparu prématurément en 2000 dans sa cinquante-cinquième année. Ce livre reçoit l'année de sa publication un bon accueil, en particulier dans la cité phocéenne, lieu où se déroule l'action, et reçoit le prix Trophée 813.

Folio, 348 pages 
Fabio Montale, fils d'immigré italien et policier de banlieue, n'est pas un "super flic". Il est affecté au maintien de l'ordre dans les quartiers nord de Marseille, où la délinquance fait partie de la routine. Par sa posture plus proche d'un éducateur que celle d'un policier, il jongle avec les jeunes évitant ainsi les émeutes et les situations vertigineuses. Il est du coup peu considéré par ses collègues et sa hiérarchie. Sa méthode va pourtant changer le jour où il voit ses deux anciens camarades mourir l'un après l'autre dans des circonstances particulièrement violentes : le premier Manu, assassiné a priori gratuitement ; le second Ugo, tué après avoir-lui-même assassiné un des parrains de la pègre locale. Peu après, une jeune étudiante d'origine maghrébine, et amie de Fabio, se fait violer et assassiner. Fabio Montale n'a désormais plus qu'une idée en tête : tenter de comprendre ce qui s'est passé. Par sa connaissance du terrain, il découvre progressivement un enchevêtrement de luttes de pouvoir au sein de la pègre marseillaise...

Mon avis : par une intrigue rondement menée, l'auteur brosse un portrait sans concession de sa ville, décrivant avec justesse la dure vie et sans merci des habitants des quartiers populaires et des immigrés, qui se retrouvent dans des situations complexes (l'expression "total kheops", tirée d'une chanson de l'album Sad Hill, du groupe marseillais IAM, signifiant vulgairement "bordel complexe").

Un roman qui sonne juste, et un style bien particulier : Izzo utilise des phrases courtes, leur donnant beaucoup de dynamisme et de force. 

Moi qui ai déjà visité deux fois Marseille, j'ai pu lire dans ce roman une magnifique déclaration d'amour pour cette ville de passion et de couleurs, une histoire d'hommes, de sensibilité d'âme et de générosité. L'auteur, épris de sa ville natale et des gens, nous fait découvrir tour à tour ses paysages méditerranéens, sa gastronomie, ses rues, du Vieux-Port à la Canebière en passant par la cathédrale de la Major ou le célèbre quartier du Panier. Telle une invitation au voyage, cette ville nous est si attirante dans les mots de l'auteur.

Indispensable à lire, et une bonne raison de visiter Marseille, ville culturelle en 2013.

samedi 24 août 2013

Sans famille - Hector Malot

Plus jeunes, les gens de ma génération se souviennent du dessin animé Sans famille et sa célèbre musique de générique qui passaient sur les petits écrans dans les années 1980, à la manière d'un grand feuilleton romanesque. Nous étions sensibles au destin du petit garçon en quête de sa mère. Sans famille est d'abord une adaptation du célèbre roman, écrit par Hector Malot (1830-1907) et paru en 1878. 


Livre de poche, 406 pages 
L'histoire commence à Chavanon, petit village d'Auvergne, dans le Limousin. Jérôme Barberin vit avec son épouse. Absent une grande partie de l'année, il travaille comme maçon à Paris. Un jour, il découvre un nourrisson. Dans l'espoir d'obtenir une bonne récompense, Barberin propose de le confier à sa femme qui prend soin de lui et le nomme Rémi. Plus tard, blessé dans un accident, et engagé dans un coûteux procès contre son employeur, l'homme doit se résoudre à vendre sa vache et à abandonner surtout le jeune enfant. C'est alors qu'il est vendu à un certain Vitalis, un vieux saltimbanque qui parcourt la France avec sa petite troupe : trois chiens Capi, Dolce et Zerbino, et un singe prénommé Joli-Coeur, donnant des représentations dans les villages qu'il traverse. D'abord effondré de devoir quitter sa mère adoptive, Rémi se console car son Maître Vitalis lui fait apprendre quantité de choses, notamment à lire et à écrire. Les voyages ne sont pas de tout repos, été comme hiver. La troupe perd ses membres les uns après les autres et Rémi se retrouve désormais seul sur les routes de France...

Mon avis : Sans Famille fait partie de ces romans de jeunesse qui laissent un souvenir inoubliable. Les enfants peuvent s'identifier au jeune Rémi, à l'âge le plus tendre.

Roman d'initiation et d'aventures, il est aussi une peinture réaliste de la France du XIXe siècle. Le lecteur ne peut s'empêcher d'être ému par le sort réservé aux enfants défavorisés. A cet égard, on relève des scènes tristes mais le chagrin passe rapidement car Rémi a la joie de vivre, naturellement optimiste et courageux. 

Un très bon roman, à l'écriture limpide et au vocabulaire toujours très juste.  

dimanche 9 juin 2013

Pêcheur d'Islande - Pierre Loti

Pierre Loti (1850-1923), de son vrai nom Julien Viaud, est né dans une famille protestante. Il a mené parallèlement à l'écriture une carrière d'officier de marine. Ce sont précisément ses nombreux voyages en tant que marin qui vont lui inspirer ses romans, dont Pêcheur d'Islande paru en 1886 et qui fut pour le coup un de ses plus grands succès littéraires.


Folio, 338 pages 
A Paimpol, une bourgade du Nord de la Bretagne, chaque printemps et été, tous les hommes en âge de naviguer partent durant des semaines au large de l'Islande pour pêcher la morue, malgré les tempêtes et les dangers des mers du Nord. Pour ces Islandais (on les nomme ainsi), il s'agit d'une période étrange qui débute, par petits groupes, dans des bateaux minuscules, aux conditions de travail difficiles et fatigantes, sous le soleil de minuit. Yann et Sylvestre sont deux jeunes marins embauchés à bord de la Marie, un navire de pêche. Tandis que Sylvestre termine sa dernière campagne de pêche avant de rejoindre la Marine nationale pour cinq ans de service militaire, Yann, le grand gaillard taciturne et fier, reste un éternel célibataire. Un jour, lors d'un bal, celui-ci rencontre Gaud, une jeune demoiselle aux mains soignées, fille d'un gros commerçant de la ville. Ils dansent ensemble toute la soirée avant de se quitter. Puis vient la campagne de pêche. Gaud ne peut oublier le jeune homme dont elle est éprise. Elle attend avec impatience son retour d'Islande...

Mon avis : voici un magnifique roman qui ne laisse pas indifférent le lecteur tant la profondeur des sentiments y est décrite avec justesse. Une histoire d'amour et de souffrance. L'auteur fait preuve d'une empathie bouleversante pour nous transporter dans la peau de ses personnages. Il y déploie une écriture belle et puissante, saisissante de vérité pour dépeindre la rude vie des pêcheurs bretons et a contribué d'une certaine manière à créer la légende autour de la vie de ces hommes.

Un classique de la littérature française, je le conseille à tous ceux qui aiment les belles Lettres et aux amoureux de la Bretagne.

mardi 21 mai 2013

Le temps de la sorcière - Arni Thorarinsson

Paru en 2007, Le temps de la sorcière est le premier roman de l'Islandais Arni Thorarinsson (1950-), journaliste de profession qui s'est lancé dans l'écriture de romans policiers.

Points, 426 pages 
Journaliste au quotidien islandais le journal du soir, Einar se voit muté, par la nouvelle rédaction en chef, à Akureyri, ville importante du nord du pays, officiellement pour faire du journalisme "de proximité" et diversifier la ligne éditoriale, officieusement parce que son alcoolisme n'était plus supportable à Reykjavik. En compagnie d'un collègue bouffon et Joa, photographe  avec qui il passe de bons moments, il s'acquitte de sa tâche avec ennui en couvrant l'actualité des chiens écrasés et en proposant la question du jour à cinq passants rencontrés dans la rue. Voilà pourtant, que des faits divers se multiplient étrangement : la mort accidentelle d'une femme lors d'une excursion organisée par l'entreprise dont le mari et elle sont les propriétaires, la disparition d'un brillant lycéen passionné de théâtre jusqu'à ce qu'on le retrouve mort dans une décharge, le suicide d'une de ses amies... Faisant preuve de souplesse et d'imagination, le journaliste Einar mène sa propre enquête, quitte à endosser quelques critiques...

Mon avis : je viens de découvrir cet auteur et je dois dire que j'ai été particulièrement déçu. Un sujet qui aurait pu être traité de manière très intéressante mais finalement à peine effleuré. Dès le début, l'on regrettera une longueur, voire une lenteur dans le rythme qui amène inévitablement à la monotonie et à l'ennui. J'ai failli abandonner le roman à quelques reprises. Des dialogues peu engageants, un humour pas toujours bien maîtrisé. L'auteur se perd dans toutes sortes de descriptions et de digressions qui n'apportent rien à l'intrigue. Je ne pense pas qu'il faille remettre en cause la traduction française d'Eric Boury, celui-là même qui est le traducteur d'un autre auteur islandais - Indridason dont j'ai présenté un article il y a quelques semaines.

Vous l'aurez compris, pour ma part, une enquête policière fastidieuse et peu captivante.

jeudi 9 mai 2013

La grimace - Henrich BÖLL

Il y a quarante et un ans, en 1972, Heinrich Böll (1917-1985), recevait le prix Nobel de littérature. Issu de la petite bourgeoisie catholique de Cologne, cet écrivain qui a longtemps été considéré comme le plus important et le plus représentatif de la littérature allemande de son époque, gardera toujours un lien affectif très étroit avec ce milieu et cette région. Comme bon nombre de jeunes hommes de sa génération, Heinrich Böll a été soldat de la Wehrmacht, prisonnier de guerre en 1945. C'est après son retour de captivité qu'il se tourne vers la littérature. L'Allemagne de la guerre et des premières années de l'après-guerre va constituer le décor de ses premiers romans. Dans les années 1960 et 1970, il devient une conscience acérée, engagée et courageuse. Le Roman, la grimace, en est une parfaite illustration.

Points, 282 pages 
Fils d'un industriel rhénan, Hans Schnier, jeune homme de vingt ans, était prédestiné à suivre tout naturellement la trace de sa riche famille protestante. Mais il ne l'a pas entendu de cette oreille. Par choix et parce qu'il refuse le luxe, il devient clown pour se révolter contre son milieu qu'il tourne en dérision. Sa famille le rejette. Depuis six ans, Hans vit avec son amie Marie Derkum, une catholique. Sa vie ne va pourtant pas tarder à basculer lorsque celle-ci se brouille avec lui pour des raisons d'éducation religieuse des enfants à venir. Elle le quitte après avoir rencontré Küpfner, premier dignitaire de l'Eglise catholique allemande. Hans le clown ne parvient plus à faire rire les gens. Petit à petit, les représentants du groupe socio-culturel que fréquente sa femme, voient Hans d'un mauvais oeil, manifestent leur hostilité à son égard et commencent à l'exclure. Le départ de Marie laisse Hans désemparé. Il tente de rechercher sa femme à Bonn. Dans sa chambre d'hôtel, il se met à boire. Délaissé, il tombe dans la marginalité. C'est le début de la déchéance...

Mon avis : sans doute l'un des plus beaux romans allemands de l'après-guerre, peut-être encore trop méconnu en France, pour les non germanistes. Un roman dur et sombre, écrit avec des mots simples, des phrases courtes mais d'une limpidité remarquable.

Par le biais de son personnage marginal qui s'est volontairement mis à l'écart de la société, l'auteur porte un regard critique sur cette Allemagne de l'Ouest fière de son miracle économique, raillant la démocratie chrétienne et ce conformisme bourgeois béat, habitée par une sorte d'amnésie douceâtre à l'égard du passé nazi. Le personnage de Böll refuse cette "bonne" conscience et, empreint d'un style mordant, dénonce cette société qui se précipite avec frénésie sur les biens de consommation, prisonnière de son confort moral égoïste et hypocrite, où les médias, vendeurs d'opinions au rabais, jouent les somnifères de masses. Ecrit il y a tout juste cinquante ans, ce roman garde toute son actualité. 

Heinrich Böll est un grand écrivain à re-découvrir.

lundi 29 avril 2013

La métamorphose - Franz kafka

Les lecteurs, qui suivent mon blog depuis son origine, ont déjà pu découvrir et apprécier l'univers de Franz Kafka (1883-1924), considéré depuis longtemps comme l'un des plus grands de la littérature universelle. Né à Prague, Kafka est le fils d'un commerçant juif, d'origine campagnarde, qui parlait mieux le tchèque que l'allemand, et qui était venu tenter sa chance dans la capitale du royaume de Bohême. Après des études universitaires et un doctorat en droit, Kafka trouve un emploi dans une compagnie d'assurances où il deviendra un cadre supérieur modèle, rédigeant des rapports fort bien documentés sur les accidents du travail, pour lesquels il propose des mesures techniques de prévention. Parallèlement à cette activité professionnelle, il fait partie d'un groupe de jeunes gens qui s'intéressent à la littérature. C'est dans les années 1910 et sur les conseils d'amis qu'il commence à écrire.

Nouvelle écrite en 1912, à l'âge de vingt-neuf ans, La métamorphose (die Verwandlung, titre originale) reste l'une de ses oeuvres majeures mais l'une des plus énigmatiques et discutées aussi. 

Folio classique, 144 pages 
Les premières lignes énoncent une nouvelle invraisemblable, aussi terrifiante que grotesque : Gregor Samsa, un représentant de commerce, se réveille un beau matin transformé en un énorme insecte, un cafard. Suscitant effroi, dégoût et incompréhension de la part de sa famille chez qui il habite, il ne peut que rester reclus dans sa chambre. Pourtant, et comme il est un employé modèle et consciencieux, il fait tous ses efforts pour aller prendre son train et travailler. Il ne le pourra évidemment pas. Cette soudaine et incroyable transformation en vermine devient en réalité le résultat d'un piège cruel, mis en place par le père de Gregor, qui a trouvé une ruse pour à la fois imposer à son fils de travailler et le lui interdire. Etant la seule source de revenus ou presque de sa famille, Gregor va devoir faire face aux difficultés que crée sa nouvelle situation, dont l'affreuse impossibilité de toute vie sociale et familiale...

Mon avis : cette nouvelle fait partie de mes toutes premières lectures. Dès le début, le lecteur saisit que ce n'est pas le caractère fantastique qui est intéressant en soi ; c'est plutôt l'histoire et ses conséquences qui se déroulent ensuite. En effet, la transformation d'un homme en animal, si elle semble s'inspirer de la littérature fantastique, correspond à un jeu du langage : il est ainsi courant par exemple de désigner un être humain comme un âne ou un porc... Et Kafka ne manque pas de talent en prenant soin précisément de ne pas décrire son personnage, encore moins de donner le début d'une explication scientifique à cette transformation étrange. C'est avant tout l'histoire d'un homme progressivement délaissé qui est contée. Toute nouvelle tentative de réinsertion - professionnelle, sociale ou familiale - est écrasée. Même sa propre soeur l'a abandonné. La métamorphose existe, c'est une fatalité. Seules les sensations comptent.

La métamorphose n'est donc qu'une allégorie, elle n'a rien de fantastique, mais au contraire d'un réalisme pur car la vie s'avère souvent amère lorsque le coeur d'un homme est fort sensible.

L'auteur met ainsi en exergue le caractère absurde de la vie - une constante dans l'oeuvre de l'auteur, l'angoisse et l'absence de signification de la vie -, et au bout du "chemin", la mort qui finit par se révéler libératrice.

Pour ceux qui veulent découvrir Kafka, je vous le conseille assurément.

lundi 22 avril 2013

L'heure trouble - Johan Theorin

Après Indridason (voir l'article précédent), me voilà à nouveau plongé dans la littérature policière scandinave.

L'heure trouble est le premier roman de l'écrivain suédois, Johan Theorin, né en 1963 à Göteborg, paru en français en 2009.

Le Livre de poche, 531 pages 
Nous sommes en 1972. Jens, un jeune garçon de six ans, laissé à la garde de ses grands-parents s'est volatilisé un matin d'automne, par une journée de brouillard épais, dans la petite île d'Öland. Son corps n'a jamais été retrouvé malgré de longues et minutieuses recherches. La police finit par conclure à sa disparition dans le dangereux chenal qui sépare l'île du continent. Julia, la mère de l'enfant, est inconsolable. Vingt ans plus tard, entre tentation de l'alcool et dépression, Julia Davidsson n'est toujours pas parvenue à faire son deuil. Elle rumine sans cesse cette absence et en veut beaucoup à son père Gerlof qui était tenu de le surveiller. Celui-ci vit aujourd'hui dans une paisible maison de retraite. Un jour, contre toute attente, il reçoit par la poste une enveloppe anonyme contenant une sandale qui semble en tous points identique à celle que portait son petit-fils, le jour de sa disparition. Gerlof garde pourtant son sang-froid et rappelle Julia dans l'île pour éclaircir une partie du mystère. Cet événement va convaincre la mère du petit garçon de renouer le contact avec son père. L'île devenue touristique, leur enquête va les mener sur la piste d'un homme au passé trouble et violent, un certain Nils Kant, fils d'une riche famille, qui aurait fui l'île au sortir de la seconde guerre mondiale...

Mon avis : dépaysement garanti ! un roman policier atypique. Une mère dépressive et  un vieil homme mal en point mais têtu forment ce couple d'enquêteurs improbable, à la recherche de l'enfant. Personnages touchants et très convaincants, ils incarnent une belle et terrible histoire de deuil au coeur de l'atmosphère étrange, ventée et brumeuse de l'île d'Öland. Nous apprenons dès le début du roman que les destins de Jens et Nils Kant sont vraisemblablement liés puisqu'ils se rencontrent le jour de la disparition.  Au fil de la lecture, l'île devient rapidement le sujet principal de ce roman.

Une intrigue bien ficelée, où passé et présent s'entrecroisent. L'écriture est claire, sans emphase. L'auteur sait capter rapidement l'attention du lecteur. Les descriptions ne sont pas trop longues mais restent précises.

Un très bon roman qui mérite certainement la récompense du meilleur roman policier suédois 2007.


mardi 26 mars 2013

La cité des Jarres - Arnaldur Indridason

Arnaldur Indridason est un enfant de Reykjavik, né en 1961 dans la capitale islandaise. L'amour de l'écriture, Indridason l'a cultivée dès son plus jeune âge. Après une brève expérience journalistique dans les années 1980, critique  de cinéma et un diplôme d'histoire en poche, il écrit son premier roman, publié en 1998. Il se découvre alors auteur de romans noirs. Son troisième livre, Myrin (traduit en français par La cité des jarres) est son premier grand succès. Il est pour la première fois traduit et publié à l'étranger. Auteur incontournable dans son pays, il est aujourd'hui l'image même de la littérature islandaise contemporaine.

Publié en France en 2005, la cité des jarres est le premier volet de la série des enquêtes du commissaire Erlendur Sveinsson.

Points, 330 pages
L'hiver approche à grand pas en Islande. Pluie incessante et baisse des températures, c'est dans ce climat maussade qu'un vieil homme solitaire, nommé Holberg, est retrouvé mort dans son appartement. La police aurait pu conclure à un accident domestique. C'était sans compter la découverte d'un morceau de papier laissé sur le cadavre sur lequel est griffonné un message sibyllin. L'inspecteur Erlendur, accompagné de ses collègues Sigurdur Oli et Elinborg entament l'enquête. Erlendur est pourtant perplexe, persuadé qu'il ne s'agit pas d'un crime ordinaire, d'une banale querelle ou d'un cambriolage qui aurait mal tourné. Au fil d'une enquête longue et difficile, Erlendur parvient à dresser la véritable nature de l'homme. Ce qui ressemblait à un simple crime crapuleux va rapidement prendre une tournure bien plus sordide. Les enquêteurs se retrouvent plongés dans des faits perpétrés il y a plus de quarante ans laissant apparaître un passé nauséabond et lourd de secrets. La victime du meurtre aurait persécuté et violé une jeune femme, laquelle serait tombée enceinte d'une petite fille prénommée Audur, morte à l'âge de quatre ans des suites d'une tumeur au cerveau...


Mon avis : avec ce premier roman, nous entrons de plein-pied dans un voyage humide et glauque au coeur de l'Islande, île de feu et de glace, offrant au lecteur une ambiance propre aux polars venus du nord, une tonalité rude et sombre. Indridason brosse le portrait d'une Islande, loin des clichés alléchants et habituels présentées par les brochures touristiques.

Erlendur Sveinsson est un vieux briscard de la police, un anti-héros : solitaire, caractériel, rude au premier abord, intelligent et persévérant, il est aussi abîmé par la vie, tourmenté par ses douloureux souvenirs d'enfance, usé par les années d'un métier qui ronge inexorablement l'âme. Plus tout jeune (la cinquantaine), il est divorcé et père de deux grands enfants : son garçon Sindri Snaer qu'il ne voit plus et sa fille Eva Lind qu'il tente tant bien que mal de sortir de l'enfer de la drogue.

Autour d'Erlendur gravitent ses deux coéquipiers : Elinborg, femme célibataire et sans enfants s'implique avec énergie aux affaires tandis que Sigurdur Oli, plus préoccupé par sa vie personnelle et ses relations tumultueuses avec sa compagne, peine à rester concentré sur le travail.

Sans dévoiler l'histoire, je dirai que l'intrigue est intéressante, mêlant malaise et curiosité, au style posé, dans une lecture agréable et accrocheuse.

Vous l'aurez compris, je viens donc de faire la découverte du polar islandais. Un roman écrit avec grand soin, des personnages attachants. Bref, les Islandais ne font pas que régler admirablement et judicieusement une crise financière (en référence à la douloureuse crise qui a touché de plein fouet le système économique et bancaire de ce pays en 2008), ils savent également écrire des romans policiers dignes de ce nom. Je ne puis que vous le conseiller !

jeudi 7 mars 2013

Le deuil et l'oubli - John Harvey

Le deuil et l'oubli est un roman de l'écrivain anglais John Harvey (1938), paru en 2011.

Rivages, 445 pages 
Durant l'été 1995, dans un camping en Cornouailles, deux adolescentes de treize ans, Heather Pierce et Kelly Efford partent se baigner. La nuit tombe et les deux amies se perdent dans un épais brouillard en revenant de la plage. Le lendemain matin, après de longues recherches, on retrouve Kelly, faible et traumatisée, recueillie par Francis Gibbens, un marginal reclus avec ses chèvres, tandis que Heather est découverte quelques jours plus tard le long de la côte sur la corniche d'une ancienne rotonde. La thèse de l'accident est retenue mais le doute plane pour l'inspecteur Cordon, en charge de l'enquête. Quatorze ans se sont écoulés, le mariage de Ruth et de Simon Pierce, n'a pas résisté à la disparition tragique de leur fille. La mère a refait sa vie à Cambridge avec Andrew et lui a donné un autre enfant, une petite fille de dix ans prénommée Béatrice. Alors qu'elle croit avoir fait le deuil de sa première fille, le cauchemar recommence quand Béatrice est à son tour portée disparue. Deux nouveaux inspecteurs, Will Grayson et Helen Walker, vont remuer ciel et terre pour retrouver l'enfant...

Mon avis : les disparitions d'enfants sont toujours un sujet délicat et bouleversant. Avec ce roman noir, John Harvey parvient à le traiter en finesse. Prenant son temps pour développer l'intrigue, l'auteur tisse son récit avec une maîtrise totale fouillant subtilement l'esprit humain. Sans jamais tomber dans l'excès des émotions et l'horreur inutile, l'auteur nous propose un récit complexe dans sa construction mais limpide dans sa narration, s'appuyant sur le ressenti des protagonistes.

S'il s'agit d'une lecture captivante et fascinante, l'on peut regretter toutefois une fin qui a tendance à s'essouffler. C'est le seul bémol que j'apporterai à cette oeuvre.

Il reste que ce polar est touchant et plutôt bien écrit, en un mot un polar juste et intelligent. A découvrir.

lundi 25 février 2013

L'Ecume des jours

Doit-on encore présenter ce livre de Boris Vian (1920-1959) ? J'ai découvert cet auteur il y a vingt-cinq ans. Trop jeune à l'époque, je souhaitais vivement relire cette oeuvre avec la maturité en plus.

10/18, 315 pages 
Colin est un jeune homme heureux et fortuné, entouré de ses amis et d'un cuisinier prénommé Nicolas qui lui mitonne de bons petits plats. Tout est merveilleux au premier abord et pourtant il lui manque une chose : l'amour. Cet amour qu'il envie à Alise et Chick, l'ingénieur, ce dernier passant son temps à collectionner les oeuvres de Jean-Sol Partre. Un jour, Colin rencontre Chloé, une jeune fille souriante et superficielle. Les choses se décident, le couple se marie. Ils filent le parfait amour. Oui mais voilà, la maladie arrive... Au cours du voyage de noces, la jeune fille prend froid et tousse. Le professeur Mangemanche diagnostique la présence d'un nénuphar dans le poumon droit, lui dévorant lentement la vie. Le seul remède qui reste à Colin : l'entourer d'une myriade de fleurs dont elle doit inhaler le parfum, tentant coûte que coûte d'insuffler la vie à sa bien-aimée...

Mon avis : Boris Vian raconte à merveille l'histoire d'un amour réciproque voué à un bonheur parfait : l'intelligence, la beauté et la richesse. Cet amour se laisse dévoré par la terrible maladie, plongeant le lecteur dans une ambiance sombre et oppressante  ; joies et peines s'entremêlant jusqu'à le bouleverser, le tout sur un air de jazz et de nonchalance surréaliste. Aucun répit n'est laissé aux personnages et le lecteur ne peut rester insensible. 

Le style de Vian, à la fois simple, enchanteur et complexe, nous emporte dans un tourbillon d'émotions où la naïveté de l'être humain et la terrible fatalité se croisent dans un univers décalé, romantique et poétique.

A lire ou relire sans hésitation aucune !


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